Regard Magazine : portrait de Jean-Christophe Rey-Robert Photographe

portrait de Jean-Christophe Rey-Robert

Lumière sur…

 

Jean-Christophe Rey-Robert, reporter photographe

 

L’histoire de Jean-Christophe Rey-Robert est intimement liée à celles d’autres patronymes comme Deval, Blain, Taly, d’autres serviteurs de la photographie dans notre nord Drôme. Elle l’est aussi avec l’industrie de la chaussure dans son accompagnement de trois grandes marques: Charles Jourdan, Kélian, Robert Clergerie. Mais ce Romanais cultive un jardin plus discret, celui de photographe reporter. Avec toute la passion qui l’anime, il nous en parle…

 

Avec ses moustaches guidons poivre et sel, Jean-Christophe Rey-Robert est, comme on dit, une figure locale. Son expérience de la photographie se compte en décennies, plus de quatre, et beaucoup de familles sont venues poser dans le studio qu’il a créé en 1975 dans le centre ancien à Romans avant de le déplacer place Jean-Jaurès et enfin au 50 rue Palestro, en devenant  « le plus grand de la région avec ses 390 m² » dit-il. Le lieu est de fait spécialisé dans les portraits depuis que l’éternel album de famille a dû céder la place au numérique avec ses tombereaux de pixels éphémères. En 2014, il en a laissé les clefs à Cathy Galeanos, photographe. Depuis, il a pris le temps de vivre ses rêves. 

 

Ce temps rendu disponible, il va le consacrer à d’autres familles, celles qui peuplent les mers et les océans. Sans doute, il ne serait pas arrivé là sans deux faits marquants de sa vie. Le premier, le jour de sa communion solennelle quand il reçoit de ses parents le mythique appareil photo vintage Kodak Brownie. Le second sera son inscription au club de plongée de la Maison des jeunes Robert Martin de Romans-sur-Isère. Comme l’a écrit Paul Eluard, « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ». Jean-Christophe Rey-Robert continue de fixer les siens avec les créatures marines après l’avoir fait aussi pour la revue Océans pendant 10 ans.  

 

Plusieurs fois par an, il revêt encore sa tenue en néoprène, ses bouteilles et son caisson photographique. Toujours en bonne compagnie. Par exemple, avec François Sarano, docteur en océanographie, fondateur de l’association « Longitude 181 », ancien directeur de recherche du programme Deep Ocean Odyssey, chef d’expédition et ancien conseiller scientifique du Commandant Cousteau, ainsi que René Heuzey cameraman, c’est au large de l’île Maurice qu’il s’est rendu il y a quatre ans. L’océanographe essaye de déchiffrer les langages des cachalots, il suit un clan depuis neuf ans et à pu tracer un véritable arbre généalogique avec la collaboration des laboratoires universitaires de Bretagne-occidentale pour l’ADN et avec les chercheurs de  l’université de Toulon pour le langage. Un souvenir inoubliable pour le Romanais quand on sait que les plongées de François Sarano sont soumises à des autorisations exceptionnelles pour conduire ces recherches avec son épouse Véronique.  

 

L’an dernier, c’est encore avec le photographe et vidéaste sous-marin René Heuzey qu’il est parti en Polynésie française, à la rencontre des baleines à bosses cette fois. Pour l’anecdote, l’apnéiste Guillaume Néry et le footballeur/consultant sportif Bixente Lizarazu étaient du voyage. Ce dernier avait posté sur son compte twitter «  Et non ce n’est pas le concert de DJ Zuzu en Polynésie, nous écoutons simplement le chant envoûtant des baleines…» 

 

Les mers chaudes ne sont pas les seules destinations de Jean-Christophe Rey-Robert. Depuis ses lectures de jeunesse. il avait en lui un rêve : aller fouler la banquise. Non pas pour plonger mais pour s’immerger dans le quotidien des manchots. Ce rêve est devenu réalité en 2018. Après avoir rejoint Ushuaia, visité les Malouines, la Georgie du Sud, puis franchi le passage de Drake qui sépare l’extrémité sud de l’Amérique du sud (Cap Horn) et l’Antarctique, il a atteint leurs univers. Il reste encore émerveillé par leurs capacités. « J’ai été fasciné par ces manchots qui arrivent à retrouver leur partenaire au milieu de milliers d’autres congénères uniquement par le son de la voix, alors qu’ils se sont séparés pendant les 6 mois de l’hiver austral. Ils sont fidèles toute leur vie ! ». 

 

Sa biographie

 

1953            Naissance à Lyon

 

1973           Après le bac, École de photo à Paris

 

1974           CAP photo

 

1975           Création du studio OMNIPHOT à Romans-sur-Isère

 

1992           Brevet de maîtrise en photographie

 

1985-1995  Pigiste pour la revue « Océan » et l’agence GAMMA

 

1996           Portraitiste de France 

 

2000           Meilleur ouvrier de France en photographie

 

2002           Auteur de « Made in Romans »avec le Rotary Club

 

 

 

En confidences

 

 « Sous l’eau, les femelles otaries sont encore plus câlines que sur terre »

 

« La plus belle peur de ma vie, c’était en Polynésie en 1983, je débutais en plongée. Je me suis retrouvé seul face à un requin marteau qui venait juste de contourner les deux moniteurs qui m’accompagnaient »

 

« Au large de de l’ile Maurice je filmais, en compagnie de François Sarano, un cachalot de 15 tonnes est venu vers moi et j’ai ressenti les vibrations à travers mon corps. Il m’identifiait avec son sonar !  Heureusement, les cachalots sont placides et amicaux.»

 

« La galère pour un plongeur photographe c’est l’excédent de bagages dans les avions et le coût des appareils. Le pire ? j’ai « noyé » trois appareils photos Nikonos, de grosses pertes »

 

 

L’anecdote en plus 

Avant de vivre ses rêves aquatiques, J.C. Rey-Robert a aussi mis son talent de photographe au service de nombreuses industries locales. Il a accompagné par exemple pendant 40 ans toute la belle histoire de la chaussure. Charles Jourdan, Robert Clergerie, les Kélian ont été ses clients pour la photographie de modes et la publicité. Il y en aura d’autres, Seducta, Salamander…et même Lagerfeld. « J’ai commencé par une collection homme pour Charles Jourdan et puis ce travail est allé crescendo. Au zénith de cette activité, j’ai une photo qui a fait 34 parutions dans des magazines à travers le monde. Chaque chausseur avait son univers, voir ses tons de couleurs, c’était passionnant de s’adapter à chacun d’eux . » 

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